Chaque citoyen est appelé à contribuer à la protection et au développement de sa patrie et de son patrimoine. Pouvoir servir son pays ou sa communauté est un privilège moral pour certains alors qu’il est d’importance mineure pour d’autres. Les communautés les plus organisées et les plus avancées sont celles ou des citoyens de la société civile prennent en charge leurs responsabilités, reconnaissent leurs obligations, leurs droits et surtout leurs devoirs. L’Etat généralement s’occupe de la politique des choses alors que les citoyens décident de l’effectivité et de la praticabilité des programmes d’infrastructure nécessaires au développement de leur communauté. Des citoyens, conscients de cet état de fait s’appliquent à exploiter cette opportunité de servir, à conscientiser les Valleens de quelque soit leur croyance, qualité morale et intellectuelle à se joindre pour explorer la commune de La Vallée, ses ressources, ses charmes et les exposer aux yeux du monde.

Cette communauté a ouvert ses bras en 1910 pour accueillir son nouveau Pasteur le Rd Père Léon Bonneau. Sous sa guidance, cette communauté s’est engagée sur une voie féérique et les Valléens de l’époque voyaient en ce leader religieux l’élément social et moral qu’il leur fallait. Ils se sont groupés autour de lui pour jeter les bases de la communauté dont nous sommes aujourd’hui les heureux héritiers. Volontairement ils se sont mis au travail et ont posé la pierre angulaire qui allait faire de cette communauté un sujet d’envi. Fonder une paroisse était une entreprise audacieuse compte tenu des circonstances d’alors. D’après les analyses, trois éléments semblent être à la base de la fondation de la paroisse : la dévotion spirituelle, l’éducation et l’esprit communautaire. La Vallée a forcé la redéfinition de certains principes de l’Elite. Des citoyens ordinaires ont atteint un certain degré de civilisation qu’ils ont sacrifié leur patrimoine familial pour permettre l’expansion de leur communauté, qui est une résultante pure et simple des valeurs individuelles investies dans le bien commun.

Certains éléments nouveaux intégrés à la culture valléenne sont à la base de changements sociaux constatés au cours des ans. Les grandes lignes ont déjà été tracées sur la toile et la responsabilité de compléter cet ouvrage d’art repose sur chaque Valléen de chaque génération. L’inspiration était géniale et est restée intacte et bien protégée parce que l’esprit communautaire valléen ne peut être égalé. On a certes connu des hauts et des bas qui constituent des courbes normales de toutes sociétés créatrices et innovatrices. Certaines sections de la toile témoignent déjà de la grandeur et de la magnanimité des pionniers de cette communauté. Une rose sans épines n’est sûrement pas une rose et elle n’est spéciale que lorsqu’elle est cueillie. La Vallée est la rose, les épines sont les difficultés qu’elle confronte et elle est spéciale si nous ses fils et filles décident de lui accorder une certaine importance.

Le rapport société-individu, prouve que l’individu ne peut évoluer en dehors d’un cadre social ne répondant à ses croyances et conforts. Il sera naturellement porté à rejoindre un groupement social répondant à ses besoins primaires, ses croyances, son mode de vie pour humainement évoluer et accomplir ses obligations à l’égard de ce cercle auquel il s’identifie. A travers ses institutions, La Vallee a offert à ses fils les meilleures opportunités pour accomplir leur rêve dans la société d’hier, d’aujourd’hui et de demain. La générosité de certains et la clairvoyance d’autres n’ont cessé de faire éclore la gloire et l’honneur d’une communauté fière et consciente de ses forces et de ses faiblesses.

Indépendamment de la conscience communautaire valléenne et également à son détriment l’individualisme a éclipsé le feu du commun. Mais une communauté bâtie sur la dévotion et l’éducation sera toujours résiliente. Le citoyen valleen est orienté vers ses racines et sa communauté, étant le produit de cette dernière il contribuera à accroître sa prospérité et sa grandeur sociale. La célébration du premier centenaire de la paroisse est une marque de consistance, de caractère et de fierté. Des valeurs nobles de la morale chrétienne comme l’amour et la charité enseignées dans nos écoles n’ont fait et ne feront qu’approfondir nos potentialités. Il est encore nécessaire de faire disparaître l’individu au profit de la communauté à laquelle il appartient pour faire triompher la fraternité humaine et la conscience morale.  La Vallee est ce qu’elle est en accordance avec les vœux des Valléens, répondant aux obligations qu’exigent le devoir du citoyen.

Les mots fraternité, solidarité et communauté sont les plus populaires du jargon valléen et nous les utilisons avec fierté.  Les plus récentes statistiques sur l’éducation sont un élément de fierté pour les intellectuels Valléens qui ne comprennent que ce qui les intéressent.

« De toutes les communes d’Haïti, La Vallee a le taux d’alphabétisation le plus élevé mais les statistiques les plus ironiques et alarmantes sont que la contribution des Valléens les plus instruits au développement de leur communauté est la plus faible ». Les valeurs morales et intellectuelles peuvent toujours valoir des mérites personnels à un individu ; mais à quoi servirait-il de posséder toutes les richesses augmentées de toutes les connaissances si elles ne contribuent à l’avancement humain ? Ce n’est pas sans raison que l’éducateur a été identifié comme l’arme la plus puissante de développement. Le grand devoir appelle les éléments les plus avancés d’un cercle à ouvrir largement les portes des connaissances aux moins fortunés et faciliter l’accès à l’éducation aux plus petits. L’accessibilité à ton domaine peut être l’unique opportunité qui sera offerte à un petit voisin, un petit cousin ou qui sait…à traverser l’esprit d’un monarque et fixer son destin. Ne permettez pas que la crainte d’être surpassé ou votre pur ego vous empêchent d’être une source d’inspiration sous peine d’être soi-même une ironie ou une pure négation de vos valeurs humaines et sociales. Il est de notre devoir de prendre nos responsabilités et de comprendre que la défense de nos intérêts particuliers est vaine s’il n’y a aucun devoir social pour les justifier et les légitimer.

En utilisant l’éducation de la morale chrétienne nous arrivons à comprendre que l’éducation complète l’homme et l’assagit dans ses pensées et ses actions. Plus les composants d’une communauté sont intelligents, avisés, conscients et éclairés, le moins l’ignorance de ses citoyens peut être exploitée.  Pouvoir exprimer ses idées, ses intentions, ses approbations et désapprobations sans crainte d’être ironisé ou ridiculisé dans un circuit comme le notre peut définitivement constituer un puissant organe de progrès social. Porter le paysan à converser avec ses fils les plus instruits sur le futur de la communauté est encore une forme de rehaussement de nos valeurs qui poussent le développement de chacune des branches de l’activité sociale au bénéfice du progrès général des connaissances.

L’heure est é la reconnaissance des torts causés a la communauté par le désintéressement ou le désengagement des citoyens à la cause commune. Beaucoup attribueront cette situation aux responsables politiques en oubliant que les responsabilités de la société civile sont plus grandes et plus nobles à la cause commune. Le citoyen contribue au bien commun sans tenir compte de la reconnaissance publique tant recherchée par l’homme politique. Sa participation est morale, consciente, démesurée et continue alors que l’homme politique doit répondre à l’agenda de son parti dans un délai déterminé par son mandat. Les actions de cette société civile peuvent sans critique concurrente s’étendre au delà des frontières de sa juridiction, ainsi se construit une nation forte consciente et conservatrice. La complexité de l’agenda politique démet l’homme politique de sa conscience, il est plutôt orienté vers une évaluation continuelle de ses actions, répondant à des concepts très précis de réussites ou d’échecs. D’ailleurs, la réussite du programme politique se mesure par l’application téméraire de principes machiavéliques de la gauche sur la droite ou de la droite sur la gauche ; forçant l’un l’autre dans l’opposition qui n’est d’ailleurs pas une position en politique, jusqu’à son élimination, sociale ou physique. Tous les grands accomplissements jusqu’aujourd’hui sont les œuvres de la société civile, ou des citoyens ont utilisé leur influence et leur bonne volonté pour entreprendre des projets très ambitieux comme la construction de l’hôpital, du marché communal, des centres de santé, des routes d’accès, de la bibliothèque, des écoles secondaires et primaires et bien d’autres.

Périodiquement, des citoyens de différentes couches de la société s’engagent dans des luttes, réclamant plus de droit, plus de justice et plus de liberté. Qu’en est-il des devoirs qui les accompagnent ?  Il est impératif qu’ils s’accompagnent pour équilibrer la société.

Notre communauté est un grand exemple de solidarité sociale et nous sommes vus et émulés à l’échelle nationale.  Les grandes réalisations et les grands projets de cette communauté sont tous sans réserve crédités aux éléments de la société civile qui ont depuis toujours prouvé que la société est le produit de ses composants.

François Nau
Juillet 2006

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